Christine de Pisan

Christine de Pisan

mardi 5 avril 2011

Alexandre Del Valle : Le Totalitarisme islamiste : citations

Alexandre Del Valle
LE TOTALITARISME ISLAMISTE à l'assaut des démocraties

Préface de Rachid Kaci

Une question cruciale pour nos démocraties est posée par Alexandre Del Valle dans ce travail de recherche et d'analyse : com¬ment résister à la tentative de l'islamisme politique d'imposer ses lois et ses règles au monde, et en particulier au monde occidental ?

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Ceci ne doit cependant pas nous empêcher de saluer le travail fort courageux, souvent même héroïque, d'intellectuels et de théo¬logiens musulmans modernistes. En dépit de la victoire générale du conservatisme et du fondamentalisme islamiques, due non seule¬ment à l'influence économico-théologique du wahhabisme saoudien qui contrôle les lieux saints de l'islam et la plupart des ins¬titutions internationales de représentation de l'islam mondial (OCI, Ligue islamique, banques islamiques, centres islamistes, grandes mosquées, organisations caritatives et humanitaires, aide au déve¬loppement économique, etc.), mais aussi à l'extrême efficacité des organisations comme les Frères musulmans égyptiens ou le Tabligh, ces savants modérés continuent à défendre « une certaine idée de l'islam ». A contrario du lieu commun finalement fort méprisant selon lequel « l'islam est en retard de six siècles, donc finira par évoluer comme nous », rappelons que l'islam était bien plus sur le chemin de l'évolution à la fin du xix' siècle qu'aujourd'hui. Un siècle de « wahhabisation » et quarante ans de revanche postcolo¬niale ont été fatals et ont stoppé net la puissante vague libérale et sécularisatrice qui s'apprêtait à balayer le monde islamique à partir de l'expérience unique de Méhémet-Ali, fondateur de l'Egypte moderne et apôtre de la laïcisation, ou même du prince Sabanddin (mort en 1948) en Turquie. « On s'est plus battu dans le monde islamique au cours des cent dernières années pour défendre le libé¬ralisme que la plupart des gens ne l'imaginent », confirme Ibn War¬raq".

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La doctrine nationale-socialiste avait défini le concept de Lebens¬raum comme étant « l'espace vital » nécessaire à la survie et au déploiement du peuple aryen, avec ses surplus démographiques et ses minorités installées en Europe de l'Est et ailleurs qu'il s'agissait de réunir au moyen d'un Anschluss en un seul Reich allemand impérial (Autriche, Sudètes, Pologne) en plus des conquêtes des contrées slaves de Russie et d'Ukraine peuplées d'ethnies esclaves. Le totalitarisme vert a une vision encore plus large de l'espace vital, puisqu'il ambitionne d'élargir l'entité totalisante qu'est la oumma, le Lebensraum islamique, à toute la planète, de conquérir et soumettre le monde entier. Admirateur d'Hitler et de Mussolini, l'idéologue pakistanais Mawdoudi, dont la doctrine continue également d'être l'une des sources d'inspiration majeures des islamistes contempo¬rains, a parfaitement mis en lumière la nature universaliste et néo¬totalitaire du projet islamiste, véritable impérialisme théocratique à prétention planétaire : « L'islam veut et requiert la Terre afin que toute la race humaine puisse jouir du concept et du programme pour le bonheur humain. Afin de réaliser ce désir, l'islam veut utili¬ser tous les moyens et toutes les forces utilisables pour faire advenir une révolution universelle globale. Cette lutte à long terme qui, en permanence, mobilise et puise toutes les forces et cette utilisation de tous les moyens possibles s'appelle le djihad'.

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si le premier totalitarisme « brun » (national-socialisme et fas¬cisme) était statolâtre, nationaliste et raciste, si le « rouge » était antireligieux et internationaliste, le totalitarisme « vert » est à la fois raciste (racisme religieux et civilisationnel), internationaliste, impé¬rialiste et théocratique. (….)
Dans un cours donné à l'université de Columbia, Umberto Eco a défini treize points qui, selon lui, sont constitutifs du totalitarisme de type réactionnaire ou religieux, et qu'il nomme « Ur-fascisme », ou le « fascisme des origines : (…)

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Le terme de « fascisme » a été utilisé pour la première fois pour définir l'islamisme par l'Algérien Rachid Boudjedra qui, dans son essai pamphlétaire, Les FIS de la haine'', voulut dénoncer l'idéolo¬gie réactionnaire et barbare « Ur-fasciste » du Front islamique du salut. Boudjedra explique comment l'islamisme a peu à peu défi¬guré l'Algérie moderne aux termes d'une action subversive menée de longue haleine par des professeurs issus des rangs des Frères musulmans égyptiens. Pour lui l'islamisme, dans sa version terroriste comme dans ses apparitions électoralistes plus respectables, est une idéologie antidémocratique, raciste, judéophobe, machiste, et fon¬cièrement fascisante, l'intellectuel algérien comparant le FIS au parti nazi des années 1930, et ses complices aux nouveaux collabo¬rateurs. Une fatwa sera lancée contre lui en 1983. Il est vrai que l'un des fondateurs du FIS et ancien cadre du FLN, Mohammed Saïd, commanditaire du fameux massacre de Belouza, fut un fer¬vent nazi pendant la Seconde Guerre mondiale.
Les ressemblances entre l'islamisme et le national-socialisme sont frappantes. Tout deux éprouvent la même haine absolue envers les démocraties, le libéralisme et les « ploutocraties ». En matière de barbarie, d'antisémitisme absolu, de légitimation de la violence, le totalitarisme islamiste emprunte incontestablement au nazisme ses références, à commencer par ses lectures, comme Mein Kampf et surtout les Protocoles des Sages de Sion qui sont diffusés et cités par les islamistes, notamment sur des sites Internet (Moujahideen.com, qoqaz.faire, radioislam. net, stcom. net, etc.)


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Les discours violemment antijuifs et antioccidentaux de la conférence de Durban retentissent comme un lointain écho recy¬clé de ceux de Nuremberg, à la différence près que le nouveau « peuple supérieur » est la oumma islamique du tiers-monde, tandis que les nouvelles « races inférieures » et méprisables sont les « Blancs-judéo-croisés ». Bref, le Sud islamisé contre le Nord mécréant. Il ne s'agit point là d'une énième récupération de la rhé¬torique antifasciste. Pétain et Hitler étaient très populaires dans le monde musulman. Le Coran était l'un des livres de chevet préférés de Himmler, tandis que l'ancêtre des fascismes, Édouard Drumont, encensait dès 1870 la résistance islamique à la « République maçon¬nique » qu'il vomissait.

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aux côtés des nazis et des terroristes d'extrême gauche propalestiniens (Action directe, Brigades rouges, bande à Baader, Fraction armée rouge japonaise, groupe Carlos, etc.), marqués par un antisémitisme marxiste, la nébuleuse révolu¬tionnaire propalestinienne rouge-brun-vert sera l'un des plus effi¬caces vecteurs de la judéophobie moderne, le biais islamo-arabe exotique redonnant une virginité à une idéologie qui semblait avoir été définitivement vaincue en 1945. En 1935, déjà, lors d'un voyage en Iran en compagnie de Jean Bauverd, le très islamophile chef du pronazi Front national suisse Genoud expliquait : « L'Iran est une nation musulmane et l'islam, au contraire de la chrétienté, a toujours été imperméable aux influences dissolvantes et matéria¬listes". »
Continuons avec le dignitaire nazi Johannes von Leers, ancien adjoint de Goebbels, responsable de la propagande antijuive sous Nasser. Devenu musulman sous le nom d'Omar Amine, von Leers reste jusqu'aujourd'hui, avec Genoud et le grand mufti, l'une des références absolues de nombreux militants d'extrême droite conver¬tis à l'islam, dont certains ont emprunté le nom d'Omar Amine, notamment Claudio Mutti en Italie, idéologue néofasciste et édi¬teur des Protocoles des Sages de Sion. C'est von Leers qui inspira, dans les années 1950, les premiers révisionnistes. On peut citer éga¬lement l'ex-journaliste socialiste Ahmad (Albert) Huber, devenu musulman dans les années 1960 dans le cadre de la lutte en faveur de l'Algérie indépendante et de l'Égypte nassérienne où il s'emballa pour la cause révisionniste et néonazie après avoir rencontré au Caire, en 1962, Johannes von Leers et le grand mufti, avant de se ranger du côté de l'ayatollah Khomeyni dès 1979. Huber appelle aujourd'hui à voter en faveur du Front national de Jean-Marie Le Pen.

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On oublie trop souvent que l'islamisme et le nazisme — qui se réfère au paganisme germain — communient dans une même détestation de l'héritage judéo-chrétien de l'Occident. Ceci explique les étranges accointances unissant aujourd'hui encore les islamistes et les représentants d'une certaine extrême droite néo¬païenne tout aussi radicalement antichrétienne qu'antijuive, appe¬lant de ses voeux, comme les islamistes, la destruction des sociétés judéo-maçonniques et chrétiennes : « Europe et Islam ont en com¬mun l'ennemi principal [...], la finance usurocratique. Si elle veut retrouver son autonomie [...], l'Europe doit chercher son inspira¬tion et son guide dans la Loi divine, telle que conservée dans le livre d'Allah », écrit Claudio Muni', admirateur de la Garde de fer et de l'Axe. « Le jour prochain où les islamistes prendront le pouvoir, ils deviendront [...] le vecteur universel de résistance à la mondialisa¬tion occidentalo-américaine. Et tous les hommes enracinés spiri¬tuellement et culturellement devront alors s'y associer », poursuit Arnaud Guyot-Jeannin', l'une des figures de la « nouvelle droite » française. « La Nouvelle Droite (ND) approuve le ressourcement culturel et spirituel de tous les peuples. Elle appelle la civilisation européenne à se replonger dans ses plus anciennes racines (dont elle a été éloignée non pas par l'islamisation mais par la christianisa¬tion) [...], les Européens et les Arabes partagent la même Mare Nostrum », précise un autre représentant de cette mouvance, Georges Feltin-Tracol", admirateur de Hassan al-Tourabbi. « Nous assistons à la porgession constante de la seule force capable de résister à l'hégémonie occidentaliste : l'islamisme radical. Deux visions du monde (Weltanschaung) s'affrontent. [...]. D'un côté, une vision libérale-consumériste. De l'autre, une vision religieuse, identi titaire et holiste : l'islam, récapitulation définitive de la tradition primordiale [...]. C'est donc à un véritable djihad qu'Européens et musulmans sont conviés. Europe-Islam, même combat », affirme le guénonien Arnaud Galtieri". « Nos ennemis [...] sont la coalition impérialiste américano-sioniste [...]. Il est donc juste que nous sou tenions ceux qui ont les mêmes ennemis que nous, c'est-à-dire les Palestiniens [...], les gouvernements libyen, irakien [...]. Les islamistes représentent une force multiforme qui peut [...] être une alliée contre l'impérialisme américano-sioniste », écrit Christian Bouchet', dirigeant du mouvement d'extrême droite prolibyen et pro-iranien Jeune Résistance et rédacteur en chef de Lutte du peuple, qui exprime sa solidarité avec les martyrs du III' Reich, du Djihad islamique et du Hamas sur le site internet du groupuscule « national-révolutionnaire » Unité radicale (proche du GUD) qu'il anime.
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Le flirt rouge-vert fut en effet une réa¬lité, notamment au début de la révolution chiite iranienne : l'imam Ali Shariati, traducteur des Damnés de la terre de l'idéologue révolu¬tionnaire Frantz Fanon, proche de Jean-Paul Sartre, apportera à Khomeyni la synthèse socialo-islamiste (conciliant Mahomet, Che Guevara, Mao et Fanon) qui assurera la victoire de l'ayatollah. C'est d'ailleurs à Shariati que l'on doit l'islamisation de la notion fano¬nienne « d'opprimés », devenus mustadhafines (« déshérités »).
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LA JUDÉOPHOBIE : THÈME CENTRAL DE L'ISLAMISME ET POINT DE CONVERGENCE DES TOTALITARISMES
Dans les représentations islamistes, une place prépondérante est réservée aux juifs, boucs émissaires et ennemis symboliques privilé¬giés. Les différents vecteurs de judéophobie radicale sont l'isla¬misme, le nazisme, le gauchisme antisioniste, le révisionnisme.
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Mélange monstrueux, la propagande antijuive isla¬miste emprunta à la fois à l'orthodoxie musulmane et aux thèses antisémites classiques importées d’Europe et recyclées dans l’islam, comme le montre la Charte du Hamas.

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Parallèlement aux justifications théologiques d'Al-Azhar, l'Arabie Saoudite s'em¬ploie depuis des décennies à publier dans tout le monde musulman des milliers de versions de Mein Kampf et des Protocoles des Sages de Sion. Aussi pouvait-on lire, le 30 avril 1987, dans le journal saou¬dien Okaz, cette profession de foi judéophobe : « L'influence des juifs n'a cessé de grandir dans l'Europe moderne, jusqu'à ce qu'ils soient en mesure d'écraser les innocents. Cette situation provoqua par réaction, en Allemagne, l'essor du parti du Reich, dirigé par Hitler. Ce dernier prit la tête du mouvement antisémite et tenta de liquider les juifs. Finalement, il échoua [...]. Mais Dieu lui-même combattra les juifs et tiendra Sa promesse de les détruire et de les broyer34. » Convergence hautement sismique, la courbe de l'antisionisme radical arabo-palestinien et gauchiste a désormais rejoint celle de la judéophobie du « nazisme vert ». Une nouvelle synthèse totalitaire « national-islamiste » est née qui gagne progressivement les consciences arabo-musulmanes, de plus en plus tentées par l'idéologie de la haine totale de l'Autre, par un antijudaïsme et un antioccidenta¬lisme absolus (l'Occident sioniste étant une sorte de « Juif global ») censés expliquer tous leurs malheurs. Aux termes d'une longue campagne de diabolisation d'Israël et du sionisme — et à travers eux des juifs en général —, relayée en Occident par la surmédiatisation du conflit proche-oriental par rapport à d'autres pourtant plus meurtriers, les islamistes sont parvenus à déclencher une vaste offensive antijuive planétaire, et même à légitimer théologiquement l'idée terrifiante d'une « nouvelle solution finale », Ben Laden et les islamistes du monde entier étant on ne peut plus explicites lors¬qu'ils appellent à « tuer les juifs et les croisés américains partout où ils se trouvent ».
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Forts de leurs percées médiatiques enregistrées à la faveur de l'af¬faire Rushdie et de la satisfaction de multiples revendications com¬munautaristes comme le foulard ou le hallal dans les lieux publics, les islamistes se sont senti encouragés à pousser toujours plus loin leurs exigences, leur but étant l'application progressive de la charia. En 1979, l'Union des organisations musulmanes du Royaume-Uni et de la république d'Irlande (UMO) fut la première structure isla¬miste européenne qui défendit l'idée d'appliquer la loi islamique en Europe. Elle organisa à Birmingham un colloque portant sur le thème de la « reconnaissance par les autorités britanniques de la législation familiale de la charia ».
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En France, le converti Daniel Youssouf Leclerc, fondateur de l'une des plus importantes organisations isla¬miques, la FNMF, et jusqu'à une date récente représentant officiel de la Ligue islamique mondiale, déclarait dans le même registre : « Si, demain, on avait une majorité dans ce pays, pourquoi n'impo-serions-nous pas la charia progressivement ? Ça vous dérange ? Tant pis2. »
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L'école eurasienne, dont se réclament Djemal Gueïdar et ses interlocuteurs russes-orthodoxes comme le géopoli¬tologue ultranationaliste anti-occidental Alexandre Douguine, par¬tisan de la « géographie métaphysique », considère les Russes comme un peuple distinct des Européens et des Asiatiques, résultat d'un mélange de peuples sédentaires des forêts et de peuples nomades des steppes. « Les Eurasiens considèrent que l'islam fonda¬mentaliste, avec son antimatérialisme, son refus du système ban¬caire, de l'usure internationale, du système de l'économie libérale, est leur allié. Les seuls ennemis géopolitiques des Russes et des musulmans, ce sont les États-Unis et leur système libéral, cosmopo¬lite, antireligieux, antitraditionnel », écrit Alexandre Douguine. Dans le cadre de leur posture eurasienne radicalement antiocciden¬tale, judéophobe et islamophile, Alexandre Douguine et Édouard Limonov ont donc contracté depuis une dizaine d'années une véri¬table alliance avec les milieux islamistes radicaux dont la principale figure intellectuelle est Djemal Gueïdar, lequel dispose d'une tri¬bune régulière dans les colonnes du journal ultranationaliste russe Zavtra, lui-même influencé par les thèses eurasiennes et national- bolcheviks. Grâce à ses contacts avec les milieux d'extrême droite et nationaux-bolcheviks de Russie, Gueïdar est parvenu à sensibiliser les milieux d'extrême droite antisionistes et antiaméricains euro¬péens, en particulier la mouvance dite de la nouvelle droite néopaïenne (GRECE en France, Orion en Italie, ECID en Grande- Bretagne, Al-Mourabitoun en Espagne, etc.), puis les milieux révi¬sionnistes occidentaux en général (Ahmed Rami en Suède, Institut californien d'études historiques, groupe de Malmô, etc.). Il est vrai que l'Association d'études géopolitiques d'Alexandre Douguine a noué depuis des années des liens étroits avec l'organisation d'Alain de Benoist, le le Groupe de recherche et d'études sur la civilisation européenne en France, ainsi qu'avec sa revue Éléments, dont une branche russe a été créée sous le nom voisin d'Elementi.

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Il est à craindre que, si les irresponsables dirigeants du monde libre conti¬nuent de laisser les islamistes prêcher librement leur haine et recru¬ter au sein des démocraties occidentales, un nouveau rideau de fer culturel et idéologique tendra à couper en deux les sociétés ouvertes, une frontière de haine s'édifiera petit à petit sur les ruines des démocraties fragilisées et fragmentées à l'intérieur même du monde libre avec le ciment du communautarisme, un insurmon¬table « limes intérieur » traversera les grands centres urbains livrés aux ghettos communautaires, voire aux insurrections, et même un jour à la guerre civile. Celles du Liban ou de l'ex-Yougoslavie n'ont pas commencé autrement.
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Dans son ouvrage magistral De la démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville avait tiré la sonnette d'alarme en expliquant que l'individualisme moderne et la passion de l'égalité, propre aux démocraties, pous¬saient perpétuellement aux logiques de revendication concourant à l'abandon de « la grande société » à elle-même et au déclin du sens politique. On peut dès lors, et l'on doit même, sacrifier les néces¬saires dépenses militaires tout comme l'on se doit de ne plus parler de défense nationale, de « menaces », « d'ennemis », notions devenues ringardes et sans intérêt en tant qu’inhérentes à la chose publique, voire « fascisantes », puisque l'État-nation européen serait « mauvais en soi » et de même nature que le fascisme. Afin de conserver leur pouvoir oligarchique et désormais antidémocratique, les élites dirigeantes déresponsabilisées tentent d'étouffer les senti¬ments de révolte des citoyens en axant les programmes politiques sur l'assistanat généralisé et en les innondant de distractions consu¬méristes (panem et circences), phénomènes que Platon a d'autant plus le mérite d'avoir anticipés qu'il ne pouvait pas prévoir le Wel¬fare State moderne et la toute-puissance sans contre-pouvoir des médias audiovisuels, facteurs multiplicateurs des classiques dérives démagogiques et clientélistes des démocraties vieillissantes. Les rares voix discordantes osant rappeler que les sociétés ouvertes sont menacées par leurs ennemis, en l'occurrence les nouveaux cavaliers totalitaires d'Allah, sont soumises à la reductio ad hitlerum du seul fait qu'elles appellent à défendre la Nation et la République en dan¬ger, les thèmes de la sécurité, de la souveraineté, du civisme et des valeurs républicaines en général ayant été définitivement disqua¬lifiés depuis que les idéologies internationalistes et gauchistes donnent le ton dans les universités et dans les débats politico¬médiatiques, spécialement depuis Sartre, Foucault et Marcuse.

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