Christine de Pisan

Christine de Pisan

samedi 5 avril 2014

RATP : la direction accepterait-elle que des noirs subissent le sort des femmes ?


RATP : la direction accepterait-elle que des noirs subissent le sort des femmes ?


Publié le  par Ghislaine Dumesnil - Article du nº 349

Je me suis occupée à modifier une lettre que j’ai envoyé à mon PDG en juillet 2012 pour l’informer de ce que vivent les femmes de la RATP. J’ai volontairement transposé notre situation à celle que pourrait vivre les hommes noirs si, par malheur,  des nostalgiques de l’apartheid venaient à s’imposer à la RATP. ( le passage sur le refus de prendre le volant du bus après son collègue a été rajouté, car en juillet 2012 je n’avais pas connaissance de ces faits)
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Monsieur Pierre MONGIN,  Président Directeur Général de la RATP,
Je viens, par la présente, vous informer, que les hommes noirs machinistes, dont je fais partie, sont, au mieux, victimes de racisme ordinaire, au pire, victimes de ségrégation de la part de nombreux collègues se disant ouvertement nostalgiques de l’apartheid de l’Afrique du sud.
En effet, ceux-ci refusent catégoriquement, en particulier, de nous serrer la main sur notre lieu de travail, à un moment où nous nous apprêtons à prendre notre service. Au seul motif que nous sommes noirs.
« L’Homme blanc ne doit en aucun cas toucher la peau d’un homme noir étant considéré que son infériorité ne mérite pas le respect de la race supérieure blanche et que l’homme noir est sale et grossier. »
Autrement dit, les noirs, qui gênent par leur présence les hommes blancs, doivent se soumettre à  des codes de couleurs comme anciennement appliqués dans les anciennes colonies britanniques sud africaines.
Comment une entreprise, comme la RATP, qui se veut être à la pointe de l’ouverture et de la diversité, peut-elle laisser se propager  un système ségrégationniste digne d’un temps révolu !?
Leur prise de position n’est pas sans conséquence sur nos vies professionnelles.
Déjà fortement touchés par les agressions au volant de nos bus, nous devons à présent faire face à la violence de nos propres collègues. Si l’homme noir ne se soumet pas, il est insulté, ce qui peut être passible des tribunaux. Les regards de certains hommes blancs sont siagressifs que nous ne nous sentons plus à l’aise dans nos salles de repos. Certains nous disent que nous n’avons pas de légitimité pour occuper un poste de machiniste et devrions quitter notre emploi plutôt adapté aux hommes blancs. Certains hommes blancs vont jusqu’à refuser de prendre le volant d’un bus conduit préalablement par un homme noir. Petit à petit on nous pousse à l’isolement. Les relations de travail se crispent, l’ambiance se dégrade. Et pour éviter les conflits, certains d’entre nous (je l’avoue, moi aussi) baissent les yeux et courbent l’échine.
Il y a quelques mois, j’ai été voir mon Responsable Ressources Humaines pour relater ces faits. Celui-ci m’a fait comprendre que, au nom de la « paix sociale », il ne ferait rien. Il m’a signifié qu’unecommission sur le racisme et la ségrégation dans l’entreprise avait été créée. Hors, de cette commission, pour l’instant, il n’a été produit aucun document, aucune information, aucun rapport…  Tout le personnel concerné attend avec impatience les conclusions de celle-ci.
Les hommes noirs représentent environ 10% de l’effectif machiniste. Nous sommes minoritaires et pourtant, depuis plusieurs années déjà, nous avons fait notre chemin. Nous avons surmonté les préjugés et les commentaires racistes, en d’autres termes, nous avons réussi notre intégration dans l’entreprise.
Nous participons activement à son évolution et pourtant, l’atteinte à la dignité et au respect que nous subissons actuellement nous propulse au rang de sous-homme.
Il s’agit d’un retour en arrière insupportable.
Monsieur, au titre de votre fonction de  Président Directeur Général de la RATP, vous avez le devoir de mettre un terme au racisme et à la ségrégation au travail envers les hommes noirs. Le contexte actuel nous laisse, à nous, hommes noirs, de moins en moins de place dans notre entreprise.
Sans réaction adaptée de notre hiérarchie, la situation ne peut ques’aggraver.
J’ajoute que l’image de la RATP est compromise. De nombreux usagers se plaignent des agents qui affichent fièrement leur appartenance au système politique de l’apartheid.
Je tiens à dire que je n’ai jamais tenu ni même pensé à des propos racistes. À l’exception de mes collègues racistes et ségrégationnistes, avec qui, il n’y a, pratiquement, la possibilité d’aucun échange, j’ai d’excellentes relations avec mes autres collègues d’où qu’ils viennent. Je ne veux pas que l’on inverse les rôles. Ce sont les hommes noirs qui sont visées, ce sont les hommes noirs qui subissent, ce sont les hommes noirs qui sont discriminées et non l’inverse.
Je vous remercie de la discrétion absolue concernant mon identité, vu les représailles auxquelles je serai possiblement exposé.
Bien respectueusement,
La RATP accepterait-elle cette situation ? j’espère que non !
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Voici la lettre originale :
Monsieur Pierre MONGIN,  Président Directeur Général de la RATP,
Je viens, par la présente, vous informer, que les Femmes machinistes, dont je fais partie, sont, au mieux, victimes de sexisme ordinaire, au pire, victimes de discrimination de la part de nombreux collègues se référant de la religion musulmane.
En effet, ceux-ci refusent catégoriquement, en particulier, de nous serrer la main sur notre lieu de travail, à un moment où nous nous apprêtons à prendre notre service. Au seul motif que nous sommes des Femmes.
« L’Homme ne doit en aucun cas toucher la peau d’une Femme étant donné que le frottement avec les Femmes est une source de tentation et une cause de turpitude. »
Autrement dit, pour soulager ces hommes de leurs pensées obscènes, la Femme doit se soumettre à leurs pratiques religieuses.
Comment une entreprise, comme la RATP, qui se veut être à la pointe de la modernité, peut-elle laisser se propager une idée si moyenâgeuse !?
Leur prise de position n’est pas sans conséquence sur nos vies professionnelles.
Déjà fortement touchées par les agressions au volant de nos bus, nous devons à présent faire face à la violence de nos propres collègues. Si la Femme ne se soumet pas, elle est insultée, ce qui peut être passible des tribunaux. Il arrive que les Femmes ne puissent pas rentrer ou n’osent pas rentrer dans les terminus ou les bus parce que des hommes  y font leurs prières. Les regards de certains d’entre eux sont si agressifs que nous ne nous sentons plus à l’aise dans nos salles de repos. Certains me disent même que je ferais mieux de rester chez moi à m’occuper de mes enfants. Petit à petit on nous pousse à l’isolement. Les relations de travail se crispent, l’ambiance se dégrade. Et pour éviter les conflits, certaines d’entre nous (je l’avoue, moi aussi) baissent les yeux et courbent l’échine.
Il y a quelques mois, j’ai été voir mon Responsable Ressources Humaines pour relater ces faits. Celui-ci m’a fait comprendre que, au nom de la « paix sociale », il ne ferait rien. Il m’a signifié qu’unecommission sur la religion dans l’entreprise avait été créée. Hors, de cette commission, pour l’instant, il n’a été produit aucun document, aucune information, aucun rapport…  Tout le personnel concerné attend avec impatience les conclusions de celle-ci.
Les Femmes représentent environ 10% de l’effectif machiniste. Nous sommes minoritaires et pourtant, depuis les années 60, nous avons fait notre chemin. Nous avons surmonté les préjugés et les commentaires machistes, en d’autres termes, nous avons réussi notre intégration dans l’entreprise.
Nous participons activement à son évolution et pourtant, l’atteinte à la dignité et au respect que nous subissons actuellement nous propulse au rang d’employées de seconde zone.
Il s’agit d’un retour en arrière insupportable.
Monsieur, au titre de votre fonction de  Président Directeur Général de la RATP, vous avez le devoir de faire respecter la Laïcité au travail. Le contexte actuel nous laisse, à nous, Femmes, de moins en moins de place dans notre entreprise.
Sans réaction adaptée de notre hiérarchie, la situation ne peut ques’aggraver.
J’ajoute que l’image de la RATP est compromise. De nombreux usagers se plaignent des agents qui laissent pousser leurs barbes pour afficher leur appartenance à la communauté islamique.
Je tiens à dire que je n’ai jamais tenu ni même pensé à des propos racistes. À l’exception de mes collègues religieux, avec qui, il n’y a, pratiquement, la possibilité d’aucun échange, j’ai d’excellentes relations avec mes collègues d’où qu’ils viennent. Je ne veux pas que l’on inverse les rôles. Ce sont les Femmes qui sont visées, ce sont les Femmes qui subissent, ce sont les Femmes qui sontdiscriminées et non l’inverse.
Je vous remercie de la discrétion absolue concernant mon identité, vu les représailles auxquelles je serai possiblement exposée.
Bien respectueusement,
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en ce qui concerne la situation des femmes de la RATP, si j’en juge les propos de certains de mes supérieurs hiérarchiques après les événements qui ont suivi cette lettre, il parait évident que les rôles se sont inversés. Forts de leur position dominante dans l’entreprise, forts de leurs innombrables soutiens, forts de la position de la direction générale de la RATP et de la politique gouvernementale, les musulmans qui appliquent la loi islamique (la charia)  peuvent réduire à néant toutes oppositions même légitimes. Quelles actions mènerait Rosa PARKS a ma place ?
« Jusqu’à présent, je crois que nous sommes sur la planète Terre pour vivre, nous épanouir et faire notre possible pour rendre ce monde meilleur afin que tout le monde puisse jouir de la liberté. » : citation de Rosa Parks, devenue célèbre le 1er décembre 1955, à Montgomery(Alabama) en refusant de céder sa place à un passager blanc dans l’autobus conduit par James F. Blake. Arrêtée par la police, elle se voit infliger une amende de 15 dollars le 5 décembre ; elle fait appel de ce jugement. Un jeune pasteur noir inconnu de 26 ans, Martin Luther King, avec le concours de Ralph Abernathy, lance alors une campagne de protestation et de boycott contre la compagnie de bus qui durera 381 jours. Le 13 novembre 1956, la Cour suprême casse les lois ségrégationnistes dans les bus, les déclarant anticonstitutionnelles. (wikipédia)


Ghislaine Dumesnil

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